Visions et Emotions...
Sa peinture a surgi sans crier gare. Elle attendait son tour, impatiente et silencieuse, cachée derrière un rideau.
Lorsqu’elle s’est élancée dans les airs, Magali Selabre était danseuse. Dans un temps suspendu invisible à l’œil nu, la mue s’est opérée, le corps dérouté vers une autre trajectoire et la main qui s’arme d’outils pour se mettre au service d’un autre art.
La danseuse est devenue peintre mais la personnalité reste la même : on retrouve dans ses tableaux la densité, l'explosivité, la mobilité qui cette fois s’impriment dans la matière. Chacun peut s’attarder, s’immobiliser sur un détail qui l’intrique ou partir en voyage et se laisser aspirer dans les différentes dimensions.
S'il arrive que le réel et la violence du monde s'imposent dans un grand fracas et viennent s'échouer sur sa toile, Magali Selabre montre alors la puissance de l'art abstrait, capable de nous propulser dans les grandes hauteurs, loin au-dessus de nous, et de nous proposer des images en caméra subjective, des plans superposés qui n'imposent rien mais propose des espaces inconnus et offrent leur fascinant mystère au regard qui les accueille ou les invente.
Ce qui se devine, c’est le Big Bang qui précède chaque tableau, un point infinitésimal dans l’esprit de l’artiste qui se transforme en une énergie phénoménale pour se matérialiser dans des œuvres qui, semblables à l’univers, paraissent en perpétuelle extension.
La diversité de son œuvre naissante nous promet une belle et longue odyssée à travers des couleurs profondes, des figures cachées, des villes réinventées, des galaxies lointaines et pourtant familières. Découvrir Magali Selabre, c’est emprunter des correspondances pour des trajets sans retour. Bienvenue à bord !
Charles Morel avocat, écrivain....
Dépourvu de talent autre que celui de la provocation-destruction, Marcel Duchamp a secoué l'aube du XXème siècle en réussissant le tour de force d'envoyer six pieds sous terre ce qui, depuis des millénaires, avait jusque là toujours donné du sens à l'idée de bonheur: la Beauté́. Celle qui, pour reprendre Kant, "plaît immédiatement en dehors de tout intérêt"...
Appliquée à l'homme, cette puissance de l'immédiateté́, ce rugissement de l'évidence est, comme chacun sait, le fond de commerce du monde de la mode. Un monde qui, le premier, s'est saisi, telle la main de Zeus cueillant Venus, du destin de Magali, alors tout juste âgée de 15 ans. Une modèle était née. Fatale entre toutes, sa beauté́ avant-gardiste, hymne au métissage, devint alors son assurance vie, son passe droit; mieux, son arme de soumission massive...Privilège des plus prisé qu'elle partagera avec d'autres filles gâtées par Dame Nature et pour les beaux desquelles les cigares arrogants, les cartes bancaires robustes et les sourires d'Apollon se livrent une concurrence féroce digne des combats de gladiateurs...
Parfaitement consciente du pouvoir de son image, mais se sentant incapable de n'être tantôt qu'un pot de fleur que l'on admire, tantôt qu'un trophée que l'on exhibe, Magali n'hésitera pas à s'échapper de son confortable statut pour s'essayer, portée par cette audace que l'on ne rencontre que chez un autodidacte, à l'art dramatique et surtout à la danse. Domaine dans lequel elle se sentira très vite comme une sirène dans l'eau et ce quel que soit le style de musique : le sens du rythme ne lui fera jamais défaut, au point d'avoir pu en vivre, assez confortablement, et ce, avec le soutien indéfectible de sa famille, de son cercle d'amis; lequel s'étend de la Seine Saint Denis à Saint Germain des près...
Une vie de rêve, loin du métro-boulot-dodo, très loin du burnout ? Une existence à laquelle rien ne manque ?? C'est en tout cas ce que l'on serait tenté de conclure...
Mais c'était sans compter l'intervention de La Providence.
Car, en effet, d'un banal désir de décorer elle-même son nid a surgi, tel un geyser rempli de diamants, une révélation aux parfums de vocation. Et non des moindres: la peinture. L'art majeur par excellence. "La poésie pour les yeux", selon le fameux mot d'Horace. Un art que l'on croyait englouti sous le rouleau compresseur des techniques de l'audiovisuel. Reste que, certaines croyances ne sont-elles pas faites pour être démenties par le réel ??...
Ce qui est sur c'est que moins d'un an plus tard, le miracle se confirma: la beauté́ picturale était ressuscitée !!...
Ainsi, à l'heure où les Jeff Koons règnent en maitre sur le marché de l'art, là où les desideratas les plus insondables des milliardaires au goût fragile ont remplacé l'exigence esthétique de subjugation, voilà qu'une jeune femme que l'on croyait cantonnée au rôle d'ambassadrice du Beau se révèle au grand jour, et pour le bonheur de nos yeux, être une fulgurante poétesse-du-pinceau, une alchimiste de la Beauté́. Ses toiles abstractionnistes sont si renversantes qu'on peine à se faire à l'idée qu'elles soient vraiment le fruit de son atelier...
En clair: s'il est de notoriété́ publique que Marylin Monroe se demandait à quoi aurait pu ressembler l'enfant qu'elle aurait pu avoir avec Albert Einstein, il en sera bientôt de même sur l'enfant que Beyoncé aurait pu avoir avec Soulages...à ceci près que nous avons la réponse. Et le doute n'a ici aucun droit de cité: ce serait Magali. Et personne d'autre !!
Heureusement, ce qu'il y a d'agréable avec la vérité́, c'est qu'à la différence de la simple opinion, elle se prouve et se vérifie; et par dessus tout, elle s'éprouve. Je laisse donc le soin à chacune et à chacun de vérifier et d'éprouver pareille affirmation...tout en me réjouissant à l'avance du résultat. Celui de l'évidence qui ne souffre d'aucune discussion: Duchamp avait assassiné la fonction de peintre, Magali lui a redonné vie.
Ceci devait être écrit; parole de Black-Dandy.
Ecrivain et polémiste.